Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/312

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« Et toi, c’est à vingt-deux ans que tu restes seul sur la terre ! quand un amour noble et élevé, quand la force de la jeunesse allaient peut-être faire de toi quelque chose ! Lorsque après de si longs ennuis, des chagrins si cuisants, tant d’irrésolutions, une jeunesse si dissipée, tu pouvais voir se lever sur toi un jour tranquille et pur ! lorsque ta vie, consacrée à un être adoré, pouvait se remplir d’une sève nouvelle, c’est en ce moment que tout s’abîme et s’évanouit devant toi ! Te voilà non plus avec des désirs vagues, mais avec des regrets réels ; non plus le cœur vide, mais dépeuplé. Et tu hésites ? Qu’attends-tu ? Puisqu’elle ne veut plus de ta vie, que ta vie ne compte plus pour rien ; puisqu’elle te quitte, quitte-toi aussi. Que ceux qui ont aimé ta jeunesse pleurent sur toi ; ils ne sont pas nombreux. Qui a été muet près de Brigitte doit rester muet pour toujours ! Que celui qui a passé sur son cœur en garde du moins