Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/327

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du néant. J’étais comme ivre et insensé quand je vis le Christ sur le sein de Brigitte ; mais bien que n’y croyant pas moi-même, je reculai, sachant qu’elle y croyait. Ce ne fut pas une terreur vaine qui en ce moment m’arrêta la main. Qui me voyait ? j’étais seul, la nuit. S’agissait-il des préjugés du monde ? qui m’empêchait d’écarter de mes yeux ce petit morceau de bois noir ? Je pouvais le jeter dans les cendres, et ce fut mon arme que j’y jetai. Ah ! que je le sentis jusqu’à l’âme, et que je le sens maintenant encore ! quels misérables sont les hommes qui ont jamais fait une raillerie de ce qui peut sauver un être ! Qu’importe le nom, la forme, la croyance ? tout ce qui est bon n’est-il pas sacré ? comment ose-t-on toucher à Dieu ?

Comme à un regard du soleil la neige descend des montagnes, et du glacier qui menaçait le ciel fait un ruisseau dans la vallée ;