Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/328

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ainsi descendait dans mon cœur une source qui s’épanchait. Le repentir est un pur encens ; il s’exhalait de toute ma souffrance. Quoique j’eusse presque commis un crime, dès que ma main fut désarmée je sentis mon cœur innocent. Un seul instant m’avait rendu le calme, la force et la raison ; je m’avançai de nouveau vers l’alcôve ; je m’inclinai sur mon idole, et je baisai son crucifix.

« Dors en paix, lui dis-je, Dieu veille sur toi ! Pendant qu’un rêve te faisait sourire, tu viens d’échapper au plus grand danger que tu aies couru de ta vie. Mais la main qui t’a menacée ne fera de mal à personne ; j’en jure par ton Christ lui-même, je ne tuerai ni toi ni moi. Je suis un fou, un insensé, un enfant qui s’est cru un homme. Dieu soit loué ! tu es jeune et vivante, et tu es belle, et tu m’oublieras. Tu guériras du mal que je t’ai fait, si tu ne peux le pardonner. Dors en paix jusqu’au jour, Brigitte, et décide alors