Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/338

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— Non, mon amie ; car, sachez-le bien, je ne vous reverrai jamais sans amour. Puisse celui à qui je vous laisse, à qui je vous donne, être digne de vous ! Smith est brave, bon et honnête ; mais, quelque amour que vous ayez pour lui, vous voyez bien que vous m’aimez encore ; car, si je voulais rester ou vous emmener, vous y consentiriez.

— C’est vrai, répondit la femme.

— Vrai ? vrai ? répéta le jeune homme en la regardant de toute son âme ; vrai ? Si je voulais, vous viendriez avec moi ? » Puis il continua doucement : « C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais nous revoir. Il y a de certains amours dans la vie qui bouleversent la tête, les sens, l’esprit et le cœur ; il y en a parmi tous un seul qui ne trouble pas, qui pénètre, et celui-là ne meurt qu’avec l’être dans lequel il a pris racine.

— Mais vous m’écrirez cependant ?

— Oui, d’abord, pendant quelque temps,