Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/339

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car ce que j’ai à souffrir est si rude, que l’absence de toute forme habituelle et aimée me tuerait maintenant. C’est peu à peu et avec mesure que, n’étant pas connu de vous, je me suis approché, non sans crainte, que je suis devenu plus familier, qu’enfin… Ne parlons pas du passé. C’est peu à peu que mes lettres seront plus rares, jusqu’au jour où elles cesseront. Je redescendrai ainsi la colline que j’ai gravie depuis un an. Il y aura là une grande tristesse et peut-être aussi quelque charme. Lorsqu’on s’arrête, au cimetière, devant une tombe fraîche et verdoyante, où sont gravés deux noms chéris, on éprouve une douleur pleine de mystère qui fait couler des larmes sans amertume ; c’est ainsi que je veux quelquefois me souvenir d’avoir été vivant. »

La femme, à ces dernières paroles, se jeta sur un fauteuil et sanglota. Le jeune homme fondait en larmes ; mais il resta immobile et