Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/340

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comme ne voulant pas lui-même s’apercevoir de sa douleur. Lorsque les larmes eurent cessé, il s’approcha de son amie, lui prit la main et la baisa.

« Croyez-moi, dit-il ; être aimé de vous, quel que soit le nom que porte la place qu’on occupe dans votre cœur, cela donne de la force et du courage. N’en doutez jamais, ma Brigitte, nul ne vous comprendra mieux que moi ; un autre vous aimera plus dignement, nul ne vous aimera plus profondément. Un autre ménagera en vous des qualités que j’offense ; il vous entourera de son amour ; vous aurez un meilleur amant, vous n’aurez pas un meilleur frère. Donnez-moi la main et laissez rire le monde d’un mot sublime qu’il ne comprend pas : “Restons amis, et adieu pour jamais”. Quand nous nous sommes serrés pour la première fois dans les bras l’un de l’autre, il y avait déjà longtemps que quelque chose de nous savait que nous allions