Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous unir. Que cette part de nous-mêmes, qui s’est embrassée devant Dieu, ne sache pas que nous nous quittons sur terre ; qu’une misérable querelle d’une heure ne délie pas notre éternel baiser ! »

Il tenait la main de la femme ; elle se leva, baignée encore de larmes, et, s’avançant devant la glace avec un sourire étrange, elle tira ses ciseaux et coupa sur sa tête une longue tresse de cheveux ; puis elle se regarda un instant, ainsi défigurée et privée d’une partie de sa plus belle parure, et la donna à son amant.

L’horloge sonna de nouveau, il fut temps de descendre ; quand ils repassèrent sous les galeries, ils paraissaient aussi joyeux que lorsqu’ils y étaient arrivés.

« Voilà un beau soleil, dit le jeune homme.

— Et une belle journée, dit Brigitte, et que rien n’effacera là ! »

Elle frappa sur son cœur avec force ; ils