Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/69

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chuchotait à l’oreille, et je crus voir grimacer devant moi, avec son sourire glacial, la figure sèche de Desgenais. « Que vient faire Desgenais ici ? » me demandai-je à moi-même, comme si je l’eusse vu réellement. Il m’avait apparu tel qu’il était un soir, le front incliné sous ma lampe, quand il me débitait de sa voix aiguë son catéchisme de libertin.

J’avais toujours les yeux sur le livre, et je sentais vaguement dans ma mémoire je ne sais quelles paroles oubliées, entendues autrefois, mais qui m’avaient serré le cœur. L’esprit du doute, suspendu sur ma tête, venait de me verser dans les veines une goutte de poison ; la vapeur m’en montait au cerveau, et je chancelais à demi dans un commencement d’ivresse malfaisante. Quel secret me cachait Brigitte ? Je savais bien que je n’avais qu’à me baisser et à ouvrir le livre ; mais à quel endroit ? Comment reconnaître