Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/71

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m’étais livré à mon amour pour elle avec une confiance et un entraînement sans bornes. J’avais trouvé une sorte de jouissance à ne faire aucune question sur elle à personne ni à elle-même ; d’ailleurs, les soupçons et la jalousie sont si peu dans mon caractère que j’étais plus étonné d’en ressentir que Brigitte d’en trouver en moi. Jamais, dans mes premiers amours ni dans le commerce habituel de la vie, je n’avais été défiant, mais plutôt hardi, au contraire, et ne doutant pour ainsi dire de rien. Il avait fallu que je visse de mes propres yeux la trahison de ma maîtresse pour croire qu’elle pouvait me tromper ; Desgenais lui-même, tout en me sermonnant à sa manière, me plaisantait continuellement sur ma facilité à me laisser duper. L’histoire de ma vie entière était une preuve que j’étais plutôt crédule que soupçonneux ; aussi, quand la vue de ce livre