Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/90

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le dernier de tous, celui d’un jaloux. Dieu m’est témoin que je vous aime et qu’il n’y a que vous en ce monde qui puissiez me guérir du passé. Je n’ai eu affaire jusqu’ici qu’à des femmes qui m’ont trompé ou qui étaient indignes d’amour. J’ai mené la vie d’un libertin ; j’ai dans le cœur des souvenirs qui ne s’en effaceront jamais. Est-ce ma faute si une calomnie, si l’accusation la plus vague, la plus insoutenable, rencontre aujourd’hui dans ce cœur des fibres encore souffrantes, prêtes à accueillir tout ce qui ressemble à de la douleur ? On m’a parlé ce soir d’un homme que je ne connais pas, dont je ne savais pas l’existence ; on m’a fait entendre qu’il y avait eu, sur vous et sur lui, des propos tenus qui ne prouvent rien ; je ne veux rien vous en demander ; j’en ai souffert, je vous l’ai avoué, et c’est un tort irréparable. Mais plutôt que d’accepter ce que vous me proposez, je vais tout jeter dans le feu. Ah ! mon amie, ne