Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/91

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me dégradez pas ; n’en venez pas à vous justifier, ne me punissez pas de souffrir. Comment pourrais-je, au fond du cœur, vous soupçonner de me tromper ? Non, vous êtes belle et vous êtes sincère ; un seul de vos regards, Brigitte, m’en dit plus long que je n’en demande pour vous aimer. Si vous saviez quelles horreurs, quelles perfidies monstrueuses a vues l’enfant qui est devant vous ! Si vous saviez comme on l’a traité, comme on s’est raillé de tout ce qu’il y a de bon, comme on a pris soin de lui apprendre tout ce qui peut mener au doute, à la jalousie, au désespoir ! Hélas ! hélas ! ma chère maîtresse, si vous saviez qui vous aimez ! Ne me faites point de reproches ; ayez le courage de me plaindre ; j’ai besoin d’oublier qu’il existe d’autres êtres que vous. Qui sait par quelles épreuves, par quels affreux moments de douleur il ne va pas falloir que je passe ! Je ne me doutais pas qu’il en pût être ainsi, je ne croyais pas avoir