Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/82

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Aux accents éloignés de tes sœurs immortelles,
Tes beaux yeux se fermaient dans les bras de l’Amour?
Que fais-tu, jeune fille, à cette heure craintive?
Lèves-tu ton front pâle au bord du flot dormant,
Pour suivre à l’horizon les pas de ton aman?
La vaste mer, Georgette, a couvert cette rive.
L’écume de ses eaux trom.pera tes regards.
Tu la prendras de loin pour le pied des remparts
Où de ton bien-aimé tu crois voir la demeure.
Rentre, cœur plein d’amour ! les vents d’est à cette heure
Glissent dans tes cheveux, et leur souffle est glacé.
Retourne au vieux manoir et songe au temps passé!

Sous les brouillards légers qui dérobaient la terre,
Tiburce dans les prés s’avançait lentement.
Il atteignit enfin la maison solitaire
Que rougissaient déjà les feux de l’orient. —
Ce fut à ce moment qu’en refermant sa porte
Il sentit tout à coup un bras lui résister :
« Qui donc lutte avec moi ? dit-il d’une voix forte. —
— Homme, dit le vieillard, songez à m’ écouter. »

                                  VII

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
C’est une chose étrange, à cet instant du jour.
De voir ainsi les sœurs, au fond de ce vieux cloître,