Page:NRF 6.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

427

��ADDIS-ABEBA

��...Depuis deux heures que les nagadis s'égosillent et se concertent, deux mulets à peine sont chargés. Dans un coin écarté du jardin, entre la cuisine et un poulailler désaffecté où s'agite un vieil aigle captif, ils sont dix à faire plus de bruit que de besogne, grands gaillards tout enveloppés de cotonnade blanche et qui suent sous le bernous de feutre noir jeté par dessus. Caisses, ballots et cantines sont épars sur le gazon, avec ces cruels bâts de bois qui ont tôt fait de mettre le garrot à vif. Assis sur les colis, mes boys somalis et les soldats de l'escorte, que leur dignité empêche de se mêler à ces travaux subalternes, considèrent d'un oeil intéressé le désordre des apprêts et prodiguent les conseils. A l'entour, les bêtes broutent paisiblement, les naseaux enfouis dans l'herbe grasse. Quand j'apparais, on fait mine de se grouiller : mes hommes se lèvent, le maître-nagadi essuie son front ruisselant, un de ses aides, d'un pas délibéré, s'approche du troupeau errant, en détache un mulet qu'il amène en le traînant par la balèvre saisie à pleine main. Chacun s'empresse : en un moment, le bât, la charge sont posés ; pour serrer la coupante lanière qui doit maintenir le tout en équilibre, l'un des muletiers ensuite appuie le pied sur le flanc de l'animal et s'arc-boutant, tire des bras, pousse de la jambe. Mais, impatienté, Vagasiax proteste et rue,

�� �