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les conquêtes du commandant belormeau

— Il est probable que ceux-ci ne feront que passer et qu’ils nous quitteront ce soir…

— Ton père va nous dire cela en rentrant déjeuner.

En cet instant, Mme Michel parut, l’air excédé.

— Mon père, dit-elle, je crois qu’il me faudra recourir à votre autorité pour faire rentrer Nanniche. Il y a une dizaine de soldats dans la cour, avec leurs chevaux ; sans doute ont-ils l’ordre de s’installer ici ?… Mais c’est Nanniche qui les reçoit et qui pérore au milieu du groupe ; l’un d’eux s’est déjà permis de la prendre par la taille.

— Ah ! ma fille, ce garçon-là a le bras long. Je vais voir ce qui se passe.

Appuyé sur son bâton, grand-père Frantz se rendit dans la cour.

— Allez à vos fourneaux, Annette ; je vais installer, moi-même, ces bons garçons.

Très rouge, mais n’osant résister, la servante rentra dans la cuisine, bien mal disposée à recevoir la mercu­riale qui l’y attendait.

— Vous voici, enfin, Nanniche, s’écria Mme Michel, indignée ! N’avez-vous pas de honte à rester, ainsi, au milieu de tous ces soldats ?

— Pourquoi aurais-je honte ? Je faisais mon service ; ces militaires viennent pour loger leurs bêtes ; il me fallait bien leur indiquer les écuries.

— Ce n’est pas votre office et Guillet, le charretier, était dans la cour.

— Je n’ai jamais rencontré Guillet quand j’ai eu besoin de lui ; s’il était là, je ne l’ai point vu.

— Dans tous les cas, vous ne deviez pas prolonger l’entretien, ni surtout permettre à ces soldats de se familiariser ainsi.

— Des familiarités !… Je voudrais bien voir ça ; ce n’est pas avec moi que c’est à craindre.

— Oh ! Nanniche ! Pouvez-vous dire ? L’un d’eux vous tenait par la taille.