Page:Nau - Force ennemie.djvu/323

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Et je me suis réveillé (?) au bruit de l’ « appel au quart » sur le pont de l’Augustine Bourdon….


Autour du voilier maintenant, quelques heures après que j’ai fait cet étrange rêve (?) — les embarcations des noirs, yoles fines et pointues des deux bouts, peintes de tous les bleus, de tous les roses, de tous les verts, décrivent de longues courbes sur la tranquille rade couleur queue de paon. La plupart vont à la pêche ou en reviennent. Quelques-unes portent des « promeneurs » blancs, noirs, cuivrés, bronzés, citrins, ambrés, — de ceux pour qui l’arrivée et le mouillage d’un voilier sont un captivant spectacle qu’ils manquent rarement. D’autres sont montées par « Missié l’Arrimeur », le charpentier, le calfat, le boucher, des marchands de fruits, — jaunes et luisantes bananes, oranges énormes, parfumées et savoureusement mûres malgré leur nuance d’émeraude sombre, ananas écailleux, mangos, pommes-cannelle, avocats, sapotilles, etc., etc. (et tous les fruits, — rouges, verts, jaunes, violets, maïs ou ocre sont délectablement bons à la Martinique, peut-être meilleurs que partout ailleurs, — sauf les « fraises-pays » d’un magnifique et luisant rouge entre rubis et grenat, superbes mais détestables). — La petite goélette de « Missié Dominique », le pilote-major, nous quitte, gracieusement virante, comme un goéland qui serait tout blanc, — les ailes étendues et « gonflées » de brise. — De grosses gabarres se traînent sur le