sur le fait. Voici, par exemple, une scène qui se passe le 12 juillet devant le café Manoury :
« Un homme, des femmes. — Lambesc ! Lambesc !… On tue aux Tuileries !
Une marchande de billets de loterie. — Où courez-vous donc ?
Un fuyard. — Nous remmenons nos femmes.
La marchande. — Laissez-les s’enfuir seules, et faites volte-face.
Son futur. — Allons ! allons, rentrez. »
Il n’y a rien de plus que ces cinq lignes ; on sent la vérité brutale : les dragons de Lambesc qui chargent au loin ; les portes qui se ferment, une de ces scènes d’émeute si communes à Paris.
Plus loin Restif met en scène Collot d’Herbois, et le félicite de son Paysan magistrat ; mais Collot n’est préoccupé que de politique.
« — Je me suis fait jacobin, dit-il ; pourquoi ne l’êtes-vous pas ?
» — À cause de trois infirmités très-gênantes…
» — C’est une raison. Je vais me livrer tout entier à la chose publique, et je ne perdrai ni mon temps ni mes peines. D’abord je veux m’attacher à Robespierre ; c’est un grand homme.
» — Oui, invariable. »
Collot continue :
« — J’ai l’usage de la parole, j’ai le geste, la grâce dans la représentation… J’ai une motion à faire trembler les rois. Je viens de faire l’Almanach du père Gérard, — excellent titre. Je tâcherai d’avoir le prix pour l’instruction des campagnes ; mon nom se répandra dans les départements ; quelqu’un d’eux me nommera… »
La silhouette de Collot d’Herbois n’est-elle pas là tout entière ? Mais l’auteur ne s’en est pas tenu toujours à ces portraits rapides, et, à côté de ces esquisses fugitives, on trouve des pages