Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/180

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l’éloge de l’empereur dans des conférences religieuses ; que la loi sur la conscription est complétement étrangère aux enseignements de l’Église, et qu’il se contente en faisant de bons chrétiens, de préparer de bons Français. Loin d’avoir prêché le cagotisme, il a enseigné les vérités les plus hautes auxquelles puisse s’élever l’intelligence humaine. Le ministre de la police insiste pour que le prêtre catholique se range au programme qu’il vient de lui tracer ; celui-ci refuse d’obéir à cette prétention, et alors, par ordre de M. Fouché, les conférences de Saint-Sulpice sont suspendues.

Aucun autre fait n’est aussi propre que celui-ci à révéler les misères morales de cette époque. Il fallait que tout devînt un instrument de règne, et M. Fouché, s’érigeant en docteur des docteurs, se chargeait d’apprendre à l’Église ce qu’elle devait dire et taire dans la chaire de vérité. On voit ici à la fois la passion du parti philosophique et révolutionnaire qui s’effrayait du succès des conférences de M. Frayssinous, et saisissait l’occasion de lui imposer silence, et la prétention égoïste du despotisme qui veut tout exploiter à son profit. La conscription, nécessaire à l’immense dépense de sang humain qu’on faisait alors, devenait un dogme que toute voix écoutée devait prêcher à la France, et le prêtre était coupable de ne pas la mettre au nombre des vérités révélées. L’acte était cependant si exorbitant, qu’il souleva une correspondance entre M. Portalis, ministre des cultes, et M. Fouché, ministre de la police. Le premier écrivit au second que