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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/104

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brûlures qu’on lui fait, l’huile bouillante, le plomb fondu qu’on jette sur ses plaies, et les quatre chevaux qui, pendant trois quarts d’heures, font de vains efforts pourl’écarteler, et la vie du patient résistant à tant de douleurs atroces, et les bourreaux obligés de le dépecer eux-mêmes pour que cet infernal supplice finit avant le jour ! Qui n’aurait pitié de la victime !

D’ALEMBERT.

Il est certain que c’est un coup de canif bien payé, et que la vue de ces horreurs n’est propre qu’à donner au peuple l’exemple d’une férocité dont il pourra se souvenir un jour.

LE PRÉSIDENT HAINAULT.

Ma foi, pour mon compte et celui de bien des honnêtes gens, je ne suis pas fâché qu’on ait grillé la langue de cet abominable scélérat, car il s’en servait à plaisir pour faire planer des soupçons de complicité sur tous les partis alterna­ tivement, et personne n’était à l’abri d’une très-mauvaise plaisanterie de sa part.

LE COMTE DE B***.

Cela est si vrai qu’après avoir dit à haute voix : « Ce coquin d’archevêque, » il a répondu ce matin, même pendant son supplice, à un greffier qui lui demandait s’il n’avait pas de révélations à faire : « Hon, je n’ai rien à dire, si ce n’est que je ne serais pas ici si je n’avais pas servi des conseillers au parlement. »

LA DUCHESSE D’AIGUILLON.

Vous conviendrez qu’il faut avoir le diable au corps pour faire ainsi des niches sur l’échafaud. Mais ne pourriez-vous, messieurs, changer de conversation ? Celle-là crispe les nerfs, et madame d’Egmont en est toute pâle.

LA COMTESSE D’EGMONT, sortant de sa rêverie, et n’ayant rien écouté de tout ce qui s’était dit.

Vous me parliez, je crois ?