Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/173

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nt de communauté, en grand et en petit, le vivant sentiment de l’unité, correspondent à la somme des sensations vitales. Aider, veiller, être utile, cela provoque sans cesse le sentiment de puissance ; le succès visible, l’expression du plaisir, soulignent le sentiment de puissance ; la fierté ne fait pas non plus défaut, on l’éprouve en tant que communauté, habitacle de Dieu, membre des " élus ". L’homme a proprement subi une nouvelle altération de la personnalité : cette fois-ci son sentiment d’amour s’est appelé Dieu. Il faut s’imaginer l’éveil d’un pareil sentiment ; c’est une espèce de ravissement, un discours étrange, un " évangile ". — C’était ce qu’il y avait là de singulièrement nouveau qui ne permit pas à l’homme de s’attribuer l’amour à lui-même : — il crut que Dieu marchait devant lui et qu’il était devenu vivant en son cœur. " Dieu vient parmi les hommes ", le " prochain " se transfigure, devient Dieu (pour peu que le sentiment d’amour se reporte sur lui). Jésus est le prochain, dès que la pensée transforme celui-ci en divinité, en cause qui produit le sentiment de puissance.

116.

Ce que je n’aime pas chez ce Jésus de Nazareth ou chez son apôtre Paul, c’est qu’ils ont farci de tant de choses la tête des petites gens, ce qui pourrait faire croire que les humbles vertus de ceux-c