Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/175

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ivin, à un modèle divin, par rapport à des biens spirituels de l’au-delà. (Superbe cela ! comme s’il s’agissait du " salut de l’âme " : mais c’était un moyen pour " s’en tirer " avec autant de beaux sentiments que possible).

118.

Ce fut là la plus néfaste folie des grandeurs qu’il y eut jusqu’à présent sur la terre : — si ces petits avortons mensongers, ces cagots commencent à accaparer pour eux les mots " Dieu ", " jugement dernier ", " vérité ", " amour ", " sagesse ", " Saint Esprit ", et ils s’en servent pour se retrancher contre le " monde ", si cette espèce d’hommes commence à retourner les valeurs d’après ses propres vues, comme si c’était à elle qu’il appartînt d’être le sens, le sel, la mesure, le poids de tout le reste : il faudrait leur construire des maisons d’aliénés et ne faire rien autre chose. De les avoir persécutés, ce fut une antique bêtise de grand style : c’était les prendre trop au sérieux, c’était leur prêter du sérieux. Toute cette fatalité fut rendue possible par le fait qu’il existait déjà dans le monde une façon analogue de folie des grandeurs, la juive ( - lorsque le gouffre qui sépare les juifs des chrétiens-juifs fut ouvert, les chrétiens-juifs furent obligés d’employer le moyen de conservation inventé par l’instinct juif, en renchérissant encore une dernière fois