Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/256

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eux-mêmes ( - dans le rapport où il y a ressemblance et dissemblance avec eux).

189.

Combien il est faux de dire que la valeur d’un acte dépend de ce qui l’a précédé dans la conscience ! — Et l’on a mesuré la moralité d’après cela, même la criminalité… La valeur d’un acte doit être mesurée d’après ses conséquences - disent les utilitaires - : l’évaluer d’après son origine implique une impossibilité - celle de connaître cette origine. Mais peut-on donc connaître les conséquences ? A cinq pas tout au plus. Qui peut dire ce que provoque, suscite un acte, ce qu’il éveille contre lui ? Sert-il de stimulant ? D’étincelle qui met le feu à une matière explosible ?… Les utilitaires sont naïfs. Et, en fin de compte, il nous faudrait savoir d’abord ce qui est utile : là encore leur regard ne s’étend pas plus qu’à cinq pas… Ils n’ont pas idée de la grande Économie qui ne peut pas se passer du mal. On ne connaît pas l’origine, on ne connaît pas les conséquences : — dès lors un acte a-t-il en général quelque valeur ? Il reste l’acte lui-même : les phénomènes qui l’accompagnent dans la conscience, le oui et le non qui suivent son exécution : la valeur d’un acte réside-t-elle dans les phénomènes subjectifs qui l’accompagnent