Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/321

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le " sage ". — Socrate est un moment de perversité profonde dans l’histoire des valeurs.

236.

Le problème de Socrate. — Les deux antithèses : le sentiment tragique, le sentiment socratique, — mesurés selon les lois de la vie. En quel sens le sentiment socratique est un phénomène de décadence : en quel sens il y a cependant encore une santé vigoureuse, une grande force dans l’attitude, dans les capacités et l’endurance de l’homme scientifique ( - la santé du plébéien, dont la méchanceté, l’esprit frondeur, la sagacité, ce qui reste au fond de canaille est maintenu dans ses limites, par la sagesse ; " laid "). Enlaidissement : la raillerie à l’égard de soi-même, la sécheresse dialectique, l’intelligence comme tyran contre le " tyran " (l’instinct). Chez Socrate tout est exagéré, excentrique, caricature, un bouffon avec les instincts de Voltaire. Il découvre une nouvelle espèce de combat ; il est le premier maître d’armes dans la société distinguée d’Athènes ; il ne représente que l’intelligence supérieure : il l’appelle " vertu " ( - il devina que c’était pour lui le salut : il n’était pas libre d’être intelligent, c’était de rigueur pour lui) ; être maître de soi, pour entrer en lutte muni d’arguments, et non point avec passion ( - la ruse de Spinoza, — lente introduction de l’erreur des passions) ; — découvrir co