Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/43

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Devant ce pauvre corps se hâtant vers la tombe,
Les chapeaux, lentement levés, vont s’abaissant,
Salut de l’être en vie à l’être qui succombe,
Aumône que l’on jette à la mort, en passant.

Or, dès qu’il voit la bière exiguë et fluette,
Voici que se dressant d’un coup, le vieux maçon
Interrompt son travail, retire sa casquette…
Et laisse dans les airs s’envoler sa chanson.

Puis soudain, me montrant d’une main tremblotante
Le funèbre convoi qui s’avance au-dessous :
« J’en avais deux aussi, dit-il, et je m’en vante,
» C’était notre soleil, notre printemps, à nous !

» Quand ma femme mourut, je n’eus plus qu’eux sur terre,
» Mais le bon Dieu bien vite à lui les rappela :
» Ils sont montés là-haut pour rejoindre leur mère,
» Et passèrent ici, comme fait celui-là ! »