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Page:Novatore - Le Tempérament anarchiste dans le tourbillon de l’histoire, 2017.djvu/6

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RENZO NOVATORE

La foule est comme du foin que le socialisme a laissé pourrir dans l’établi de la bourgeoisie.

Errico Malatesta, Pasquale Binazzi, Dante Carnesecchi et les autres, milliers d’inconnus qui moisissent dans ces bouges meurtriers et pleines de miasmes que sont les prisons de la monarchie des Savoie, pour lesquelles les médaillés du PSI (Parti socialiste italien) demandent à la porcherie du Palais Montecitorio (parlement italien) les moyens d’en construire d’encore plus grandes, devraient être pour nous autant de remords spectraux avançant sous des formes épouvantables à travers les méandres incertains de notre âme hésitante ; ils devraient être autant de chaudes bouffées de sang qui fuient notre cœur pour sortir vertigineusement sur les traits de notre visage et le recouvrir d’une sombre honte.

Je sais, nous savons, que cent hommes, dignes de ce nom, pourraient faire ce que cinq cent mille « organisés » inconscients ne sont pas et ne seront jamais capables de faire.

Ne voyez-vous donc pas, ô amis, l’ombre de Bruno Filippi qui ricane en nous regardant ?

Ne voyez-vous pas que nous ne sommes pas plus d’une centaine d’anarchistes dignes de ce nom, en Italie ? Il n’y a plus qu’une centaine de « moi » capables de marcher, les pieds enflammés, sur le sommet tourbillonnant de nos idées. Errico Malatesta et tous les autres, tombés par milliers entre les mains de l’ennemi aux préludes de cette tempête sociale, attendent avec une noble et fébrile anxiété, la foudre qui fracasse l’édifice croulant, qui éclaire l’histoire, qui relève les valeurs de la vie, qui illumine le chemin de l’homme.

Mais la foudre lumineuse et fatale ne peut surgir du cœur des masses. Les masses, qui semblaient amoureuses de Malatesta, sont lâches et paralysées.

Le gouvernement et la bourgeoisie le savent… ils le savent, et ils ricanent. Ils se disent : « Le PSI est avec nous. C’est le pion indispensable à la