Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/12

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uns, on combat les autres. Le soleil, la lune, le vent viennent, sous forme de dieux, en aide aux infortunes dans les circonstances difficiles. Les montagnes et les précipices sont habités par des puissances redoutées que les hommes apaisent au moyen de sacrifices. Les Koussalkas — nymphes des eaux, — abondent dans les chants et les ballades épiques. La forêt est dominée par la vieille magicienne Baba-Yaga à l’unique pied d’os. Le serpent Gorinitch, gardien des métaux précieux, vit dans les cavernes. Tous ces monstres ont des traits d’animaux, mais prennent peu à peu la forme nette d’êtres humains, doués, cependant, de forces et de vertus exagérées. Ce sont des Bogatyris (héros) qui se divisent en deux cycles Bogatyris starchié (anciens paladins) et Bogatyris mladchié (nouveaux paladins). Ils se groupent dans deux centres : à Kiev, autour du gracieux prince Vladimir et à Novgorod. Leur série est longue : Sviatogor, bogatyr tellement puissant que la terre a peine à le porter ; Volga Yseslavitch ; Mikoula, Oleg, Sviatoslav, Dobrinia Xikitich. Vassily Bouslaev. Alecha Popovitch, le fameux IliaMourometz, chevalier idéal, grand favori du peuple.

L’épopée antéhistorique naît sur les bords du Danube, patrie commune des slaves; la Bulgarie surtout dote la Bussie de légendes et de chants d’origine byzantine et orientale[1].

  1. C’est à partir de la première moitié du xixe siècle qu’on commença à réunir les chants épiques russes. — Il existe encore en Russie des contrées où les chants païens de fête sont en usage les jours de Noël, du Nouvel An (Koliada), le lundi qui suit Quasimodo (Krasnaïa Gorka) et autres.