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OVIDE

Haïssons, s’il se peut, ou sachons nous soumettre
Le bœuf traîne un joug qu’il maudit.
Je fuis ses trahisons, son doux air me ramène ;
Je hais ses mœurs, j’aime son corps.
Ainsi je ne puis vivre avec ni sans ta chaîne,
Et ne sais comme agir dès lors.
Je te souhaiterais moins belle ou moins mauvaise :
Vice et beauté s’accordent mal.
Ta perfidie excite, et ton visage apaise :
Hélas ! à lui le gain final.

Pardonne-moi, Corinne, au nom de notre couche,
De tous les dieux, bons à tromper,
Par ton céleste front, par ta divine bouche,
Par ces yeux qui m’ont su frapper !
Mienne tu resteras, malgré tout : mais décide
Si tu me veux libre ou contraint.
À la voile plutôt ! qu’un prompt zéphyr me guide :
Déserterais-je ? Amour m’étreint.