Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/25

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nelle, plus que professionnelle, professorale, universitaire, à l’extrême limite, et en lui faisant, à lui Renan, beaucoup d’honneur, d’une manie d’homme de cabinet, d’homme de bibliothèque et d’écrivain, au sens d’une troisième et peut-être d’une cinquante-et-unième nature, nullement, comme ils devaient, au sens profond des naturalistes, des physiologistes et des moralistes, au sens, qui eût été vraiment moderne, étant vraiment scientifique, d’une habitude organique et mentale, d’une deuxième et peut-être d’une première nature. Et peut-être comme une fantaisie habituelle d’homme de lettres. Car il ne suffit point de dire que si l’habitude est une deuxième nature, la nature n’est peut-être qu’une première habitude : il faut peut-être aller jusqu’à dire que l’habitude elle-même est une première nature. On nous pardonnera d’employer ici une expression grossière, mais pour noter une explication grossière il est inévitable, il est juste, — car il est propre, — d’employer une expression grossière elle-même : ils pensaient naïvement, et grossièrement, que leur inventeur-fondateur était, — disons le mot, — un défroqué qui avait gardé quelques plis de son froc. Ils ont une certaine habitude, eux-mêmes, puisque nous en sommes à ce qu’ils nomment habitudes, — ils ont une certaine habitude, aujourd’hui, depuis le commencement de leur triomphe, et à cette heure, depuis le commencement de la grande misère temporelle de leur ennemie l’Église, d’avoir avec eux, parmi eux, aspirant aux premières places, aux meilleures places, aux places de gouvernement, obtenant les places de commandement, un contingent croissant de ceux qu’ils nomment communément, et grossièrement, des défroqués.