Page:Panckoucke - Le grand vocabulaire françois, 1772, T22.djvu/585

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elle-même une grande bleffure. Son mari lui demanda la raifon d’une fi étrange conduite. C'eff, répondit- elle, pour vous faire connoftre avec qu’elle conflance je me donnerois la mort ; fi l'affaire que vous allez en- treprendre venoit à échouer ; 6 caufer votre perte, Brutus ayant perdu la vie quelques années après , elle ne von lui futvivre. Ses parens s'oppoferent à ce funefte deflein, & lui ôtèrent toutes les armes avec lefquelles elle pouvoit fe nuire ; mais elle avala des charbons ardens, dont elle mourut 42 ans avant J,C. 11 y a eue une autre Porcie, fœur de Caton d'Urigue, de laquelle Ciceron parle avec éloge.

PORC-MARIN ; fubftantif mafculin. Sus marinus. Poiflon rond & ap- plati. Ses écailles font très-dures , & tiennent tellement à la peau, qui eft impénétrable , que les Ebé- niftes & les Menuifiers de quelques pays s’en fervent pour polir le bois : fes dents font fortes & aiguës: fes yeux font ronds. Il a près des ouies une petite fenre avec une petite na- gcoire de chaque côté : fon dos cft armé de trois aiguillons droits, rudes & forts, qui tiennent à fa

u : fa chair eft de mauvaife odeur, dure & difficile à digérer.

Les Naturaliftes ont donné le nom de cochon de mer, à plufieurs autres poiflons qui ont beaucoup de grailfe, ou le grognement du co- chon de terre, ou enfin qui ont la nageoire du dos découpée & dreffée comme les foies du cochon domef- tique. En comparant quelques unes de ces defcriptions , on y reconnoît le marfouin & l’aguillat des Pro- vençaux : c'eft une efpèce de chien de mer. On pêche des porcs-marins aux Antilles, mais avec aflez de

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dificulté, car ils ont l'adrefle de

png l'amorce fans l’avaler,

PORDENON , ( Jean-Antoine-Lici- nio-Regille, dit, ) Peintre, né l'an 1484 à Pordenon, dans le Frioul, à huit lieues d'Oudine , & mort en 1 540. Pordenon apporta en naiffant beaucoup de génie, de talent & de goût pour la peinture. Le Giorgion dont il fe fit ami, le reçut dans fa wmaifon ; & ce fut dans l'école de cet habile maître, qu'il étudia les effèts piquans de la nature, pour les rranfporter dans fes ouvrages. La beauté de fon coloris , fon ftyle grand & noble, fa facilité & fon goût de deffein, le firent fouvenr rechercher , préférablement au Ti. tien. Ce grand Peintre ne put voir fans jaloufie & fans émotion, la grande réputation que le Pordenon acquéroit. Il fut toujours fon en- nemi & fon rival. Une jaloufe fi marquée faifoit tenir le Pordernon fur fes gardes ; lorfqu'il travailloie dans la même ville que le Titien , il avoit fon épée au côté & une ron- dache près de lui, fuivanr l'ufage des braves de fon temps. Charles- Quint combla ce Peintre de biens , & le décora du titre de Chevalier. Le Pordenon a beaucoup peint à Frefque : il y a plufieurs villes d'I- talie enrichies "4 fes ouvrages, Son tableau de Saint Auguftin & deux Chapelles qu'il a peintes à Frefque, à Vicence , lui font fingulièrement honneur. Le Roi a de lui deux ta- bleaux ; l'un repréfente S. Pierre, l'autre eft un fimple portrait, Il y a encore de fes ouvrages au Palzis royal. On à peu gravé d'après le Pordenon.

PorDENOX /e Jeune (JulesLicinio,dir} natif de Venife ; mourut à Auef- bourg en 1561. Ce Peintre, élève de Jean-Antoine Pordenon fon on-