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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/818

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une conquête arrachée à la tyrannie, et que leur perte sera un retour à l’esclavage des mauvais jours du passé, il restera indifférent au sort qui le menace ; vivant du présent, d’une manière inconsciente, sans songer au lendemain et sans apprécier la valeur des luttes d’autrefois, qui lui ont assuré la paix et le bonheur d’aujourd’hui.

Croyez-moi, c’est un travail long et pénible que la préparation des intelligences à la jouissance des conquêtes faites, dans un siècle, par les hommes d’élite qui l’honorent ; et cette préparation doit se faire dans les familles et à l’école, lentement et graduellement.

Napoléon Ier, quand il était ami de la liberté et avant qu’il eut rêvé la domination de l’Europe, avait exprimé cette idée dans ces paroles : « Ce n’est pas à coups de massue et par soubresauts qu’on peut naturaliser le système moderne ; il faut l’implanter dans l’éducation. »

Ce qui veut dire : dans la famille, d’abord ; dans l’école, ensuite.

Le philosophe Kant avait dit la même chose en d’autres termes, que voici :

« Le plus grand problème de l’éducation consiste à concilier sous une contrainte légitime la soumission avec la faculté de se servir de la liberté. »

C’est-à-dire que c’est dans la famille et ensuite à l’école que l’enfant apprendra que si la liberté donne des droits, elle impose aussi des devoirs ; et que l’exercice des premiers et l’accomplissement des seconds sont les conditions des bons citoyens.

Je ne puis mieux terminer cette étude qu’en vous citant quelques paroles d’Emile de Girardin, démontrant à l’évidence, ce me semble, l’influence que nos institutions politiques doivent avoir sur notre système d’instruction.

Ecoutez et méditez bien ces paroles :

« Aux constitutions comme aux édifices, il faut un sol ferme et nivelé.

L’instruction donne un niveau aux intelligences, un sol aux idées.

L’instruction des peuples met en danger les gouvernements absolus ; leur ignorance, au contraire, met en péril les gouver-