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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/86

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la conduite de Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur de la province de Québec. L’honorable M. Mackenzie, alors premier ministre, a déclaré qu’il ne croyait pas que la Chambre des Communes dût intervenir parce que cette question était soumise aux habitants de la province de Québec, et la motion a été renvoyée sur ce principe.

Le premier mai 1878, la province s’est prononcée — quoiqu’on en dise — la province s’est prononcée d’une manière favorable au gouvernement actuel. Dans l’automne de 1878, les élections fédérales ont eu lieu, et le parti conservateur est arrivé au pouvoir. Sir John A. Macdonald, comme chef du gouvernement actuel ne crut pas devoir destituer le Lieutenant-Gouverneur ? Homme d’état distingué, il comprenait qu’une telle destitution serait une odieuse persécution faite sans motif contre un homme public, et un coup fatal porté à l’autonomie des provinces.

Il s’est dit : "La province de Québec s’est prononcée en faveur du Lieutenant-Gouverneur le premier mai 1878, je ne dois pas intervenir dans une question purement locale."

Or voici le parlement fédéral qui se réunit, et les conservateurs de Québec, ayant la vengeance dans le cœur, repoussés de leurs compatriotes, s’adressent à des étrangers de notre province et sollicitent d’eux un verdict qu’ils n’ont pu obtenir dans leur province. Forts de l’appui des conservateurs élus pour faire triompher la politique nationale, MM. Ouimet et Mousseau demandent la destitution du Lieutenant-Gouverneur de la province de Québec. Que fait Sir John A. Macdonald ? Il comprend si bien la position qui lui est faite par cette proposition qu’il hésite, et ce n’est que quand il voit la guerre civile éclater dans ses rangs, qu’il se décide à demander le renvoi du gouverneur. Ce n’est que lorsqu’il est forcé de le faire et par qui ? Non par les députés anglais, non par les députés qui auraient intérêt à obtenir l’union législative, mais par ceux qui siègent aujourd’hui de l’autre côté de la Chambre, et qui n’ont pas craint, pour assouvir leur haine, de mettre notre existence nationale en danger. Et remarquons que Sir John, poussé au pied du mur, n’a pas osé déclarer que M. Letellier avait agi d’une manière inconstitutionnelle ; mais il a demandé au Gouverneur-Général sa destitution