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poésie antérieure et de ne plus faire dorénavant des vers réguliers. Mais qu’on reconnaisse à nos poètes le droit de détendre la discipline parnassienne pour exprimer dans une forme moins stricte des sensations moins nettes et des sentiments moins précis.



Entre les symbolistes, M. Henri de Régnier est le premier que la critique apprécia sans crainte de passer pour dupe. Au début du symbolisme, elle se trouvait fort embarrassée. Les uns ridiculisèrent les tentatives des novateurs, sans même en saisir le sens ; ce n’était pas tout à fait leur faute, car les théoriciens du symbolisme semblaient prendre à tâche de se rendre inintelligibles, et, d’ailleurs, il y avait parmi ses poètes beaucoup moins de vrais artistes que de déséquilibrés ou de charlatans. Certains autres, qui se faisaient une règle d’accueillir toute nouveauté, ne discernèrent pas les charlatans ou les déséquilibrés des vrais artistes. Cependant les plus graves et les plus autorisés restaient prudemment dans l’expectative, attendaient, pour se prononcer, que des premières effervescences du symbolisme se dégageât quelque chose d’à peu près distinct. Avec M. de Régnier, pas d’erreur possible : il prenait son art au sérieux ; et l’on savait d’ailleurs que, s’il composait parfois des vers irréguliers, ce n’était pas de sa part ignorance ou impuissance, car il avait commencé par observer fidèlement la discipline du Parnasse.

M. Henri de Régnier eut pour maîtres Leconte de