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décadence

tace à Nicée, Théodore à Thessalonique, Comnène à Trébisonde. Ce dernier, tranquille au fond du Pont-Euxin, ne prenoit aucune part aux disputes de ses rivaux.

La démarche hardie du prince d’Épire retarda la ruine de l’Empire latin, en mettant la division parmi ses ennemis. Vatace ne put voir sans jalousie ce nouveau rival que la fortune lui opposoit : il ouvrit avec lui des négociations, offrant de garantir les conquêtes qu’il venoit de faire, à condition qu’il ne porteroit plus le titre d’empereur. Théodore, enivré de ses succès, regarda cette proposition comme une insulte, et renvoya les ambassadeurs avec dédain.

Robert, au lieu de profiter de cette division pour négocier avec l’un des deux rivaux, et se donner le temps de réparer les forces épuisées de l’Empire, leur déclara la guerre. On ne le vit point, comme ses illustres prédécesseurs, paroître à la tête de ses troupes. Renfermé dans son palais, il aimoit mieux se livrer aux jouissances de l’orgueil, du luxe et de la volupté. Il confia le commandement de l’armée qui devoit marcher contre Théodore, à Thierry de Valaincourt, et à Nicolas de Mainvaut, successeur de Ville-Hardouin dans la charge de maréchal de Romanie. Ces deux généraux se bornèrent à faire le siège de Serres, place presque imprenable.

L’expédition contre Vatace fut commandée par les princes grecs Alexis et Isaac, qui, comme on l’a vu, s’étoient réfugiés à Constantinople. Robert espéra que leur présence pourroit opérer quelque défection dans l’armée de son ennemi ; mais il ne réfléchit pas à la honte qu’éprouveroient les troupes françaises en com-