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de l’empire latin.

battant sous les ordres des princes qu’elles avoient autrefois vaincus, et qu’elles étoient habituées à mépriser. Toutefois l’Empereur leur adjoignit Macaire de Sainte-Menehould, général renommé, jouissant de la confiance des soldats ; mais ce dernier n’avoit qu’un commandement secondaire, ne pouvoit que donner des conseils aux deux princes, et devoit leur obéir dans tout ce qui concernoit les grandes opérations. L’armée débarqua près de Lampsaque, et s’avança sans obstacle dans le pays où Vatace cherchoit à l’attirer. Elle rencontra les Grecs sous les murs de Pemanène, et fondit sur eux avec toute l’ardeur française. Dans le premier moment, rien ne put résister à son impétuosité : les ennemis plièrent de tous côtés, et commencèrent à prendre la fuite ; mais l’habile Vatace sut les rallier non loin du champ de bataille ; et, profitant du désordre que la poursuite avoit mis parmi des troupes qui comptoient sur la victoire, il rétablit le combat, déploya les talens d’un grand capitaine, et obtint une victoire complète. Tous les généraux furent faits prisonniers ; Macaire de Sainte-Menehould fut tué ; les deux princes grecs tombèrent au pouvoir de Vatace qui leur fit brûler les yeux, et l’armée de Robert fut anéantie. Vatace profita de ce succès pour recouvrer en Asie toutes les places que l’empereur Henri avoit autrefois conquises. Il chassa les Français de l’Asie mineure, et sa flotte s’empara de l’île de Lesbos. N’éprouvant presque aucune résistance, il descendit dans la Chersonèse ; ses troupes ravagèrent les environs de Gallipoli, de Madyte, et les côtes de la Propontide.

À la première nouvelle de la défaite de Pemanène, Robert, sans quitter son palais, avoit ordonné à l’ar-