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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

mémoire de tout ce que nous avions à faire de part et d’autre, et le voici :

Madame la palatine devoit dire à M. de Nemours, au président Viole, à Arnauld et à Croissy, que les frondeurs étoient ébranlés pour servir M. le prince ; mais qu’elle doutoit extrêmement que l’intention du coadjuteur ne fût de se servir de son parti pour abattre le cardinal, et non pas pour lui rendre la liberté ; que celui qui avoit fait des avances, et qui ne vouloit pas être nommé, lui avoit parlé si ambigument, qu’elle en étoit entrée en défiance ; qu’à tout hasard il falloit écouter : mais qu’il falloit être fort alerte, parce que les coups doubles étoient à craindre. Madame la palatine avoit cru devoir parler ainsi d’abord, parce qu’il lui importoit, pour le service des princes, d’effacer de l’esprit de beaucoup de gens de son parti l’opinion qu’ils avoient qu’elle ne fût trop aliénée de la cour ; et aussi pour répandre dans le même parti un air de défiance des frondeurs qui allât jusqu’à la cour, et qui l’empêchât de prendre l’alarme si chaude de leur réunion.

« Si j’étois, me dit madame la palatine, de l’avis de ceux qui croient que Mazarin pourra se résoudre à rendre la liberté à M. le prince, je le servirois très-mal en prenant cette conduite ; mais je suis convaincue, par tout ce que j’ai vu de la sienne depuis la prison, qu’il n’y consentira jamais. Je suis persuadée qu’il ne faut que se mettre entre vos mains, et que nous ne nous y mettrions qu’à demi, si nous ne nous donnions lieu de vous défendre des piéges que ceux des amis de M. le prince, qui ne sont pas de mon sentiment, vous croiront tendre, et qu’ils ten-