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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

renne prétendoit hiverner. L’archiduc, qui s’étoit rendu maître de Mouzon après un siège assez opiniâtre ; lui avoit donné un corps de troupes considérable, qui, jointes à celles qui avoient été ramassées par tous ceux qui étoient attachés à messieurs les princes, formoient une très-leste et très-belle armée. Le cardinal lui en opposa une qui n’étoit pas moins forte car il joignit, à celle que le maréchal Du Plessis commandoit déjà dans la province, les troupes que le Roi avoit ramenées de Guienne, et d’autres encore que Villequier et d’Hocquincourt avoient maintenues et même grossies tout l’été. Je vous raconterai les exploits de ces deux armées, après que vous aurez vu ceux qui se firent dans le parlement un peu après le départ du cardinal.

Nous résolûmes, dans un conseil tenu chez madame la palatine, de ne pas le laisser respirer, et de l’attaquer dès le lendemain de l’ouverture du parlement. Le premier président, qui étpit très-bien intentionné pour M. le prince, avoit fait témoigner à ses serviteurs qu’il le serviroit avec zèle en tout ce qui seroit purement des voies de la justice mais que si on prenoit celles de la faction, il n’en pourroit être. Il s’en expliqua ainsi au président Viole, ajoutant que le cardinal, voyant que le parlement ne pourroit s’empêcher de faire enfin justice à deux princes du sang qui la demandoient, et contre lesquels il n’y avoit aucune accusation intentée, se rendroit infailliblement, pourvu qu’on ne lui donnât aucun lieu de croire qu’on eût des mesures avec les frondeurs, et que le moindre soupçon de correspondance feroit qu’il n’y auroit aucunes extrémités dont il ne fût capable, plutôt que