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[1649] MÉMOIRES

Je savois d’un côté qu’il est dangereux de souffrir que nos ennemis fassent devant les peuples ce qui nous doit déplaire, parce que les peuples s’imaginent qu’ils le peuvent, puisqu’on le souffre. Je ne voyois d’autre part point de moyen pour l’empêcher que la violence, qui n’étoit pas honnête contre des particuliers, parce que nous étions trop forts, et qui n’étoit pas sage parce qu’elle commettoit à des querelles particulières, par lesquelles le Mazarin eût été ravi de nous donner le change. Voici l’expédient qui me vint dans l’esprit. J’assemblai chez moi messieurs de Beaufort, de La Mothe, de Brissac, de Retz, de Vitry et de Fontrailles. Avant que de m’ouvrir, je leur fis jurer de se conduire à ma mode dans une affaire que j’avois à leur proposer. Je leur fis voir les inconvéniens de l’inaction sur ce qui se passoit dans les Tuileries, je leur exagérai les inconvéniens des procédés particuliers ; et nous convînmes que, dès le soir, M. de Beaufort, accompagné de ceux que je viens de nommer, et de cent ou de cent vingt gentilshommes, se trouveroit chez Renard quand il sauroit que ces messieurs seroient à table ; et qu’après avoir fait compliment à M. de Candale et aux autres, il diroit à Jarzé que, sans leur considération, on l’auroit jeté du haut du rempart, pour lui apprendre à se vanter. J’ajoutai qu’il seroit bon encore de faire casser quelques violons lorsque la bande s’en retourneroit, et qu’elle ne seroit plus en lieu où les personnes qu’on ne vouloit point offenser y pussent prendre part. Le pis de cette affaire étoit le procédé de Jarzé, qui ne pouvoit point avoir de mauvaise suite, parce que sa naissance n’étoit pas fort bonne. Ils promirent tous de ne