Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les gens du Roi furent mandés au parlement. Ils conclurent à ce que M. le duc d’Orléans fût prié de les faire retirer. Un conseiller, du nom duquel je ne me souviens pas, ayant dit qu’il ne concevoit pas comme on prétendoit qu’il fût utile à la compagnie qu’elles se retirassent en l’état où elle étoit avec la cour, Menardeau répondit que cette raison obligeant encore davantage le parlement à lever tous les prétextes que l’on pouvoit prendre pour le calomnier dans l’esprit du Roi, il étoit d’avis de donner arrêt par lequel il seroit enjoint aux communes de leur courir sus. L’on en demeura à dire que l’on en parleroit plus au long quand Monsieur seroit au Palais. Vous croyez apparemment que la retraite de M. de Lorraine, de laquelle je vous ai déjà parlé, et qui fut sue le 16 à Paris, ne fit pas une grande commotion dans les esprits, puisqu’elle avoit été souhaitée de tant de gens. Elle fut incroyable ; et je remarquai que beaucoup de ceux qui avoient crié hautement contre son approche crièrent le plus hautement contre son éloignement. Il n’est pas étrange que les hommes ne se connoissent pas : il y a des temps même où l’on peut dire qu’ils ne se sentent point.

Le 20, le président de Nesmond fit la relation de ce qui s’étoit passé à sa députation à Melun, et la lecture de la réponse qui lui avoit été faite par le Roi : dont la substance étoit que bien que Sa Majesté ne pût ignorer que la demande que l’on faisoit de l’éloignement de M. le cardinal Mazarin ne fût qu’un prétexte, elle ne laisseroit peut-être pas de lui accorder ce qu’il demande tous les jours lui-même avec instance, après avoir réparé son honneur par des déclarations que