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légendes et traditions

Or, à cette époque, nous demeurions au milieu d’une nation étrangère qui nous avait réduits en esclavage et nous détruisait systématiquement. On l’appelle la nation des Zhœnan ou Femmes publiques. Ce peuple était très riche ; il possédait des métaux, des vêtements, des verroteries, des colifichets de toute sorte ; mais il avait conjuré notre perte.

Pour cette raison, Etsiégé dit à ses frères :

— Marchons contre eux en canots.

On partit donc pour les combattre, car nous étions si malheureux au milieu d’eux, que nous ne pouvions rire que dans un péricarde de renne ; encore nous maltraitaient-ils lorsqu’ils nous entendaient rire. On riait donc dans une vessie ou dans un péricarde de renne afin de n’en être pas entendus, parce qu’ils s’imaginaient qu’on se moquait d’eux.

Les Dindjié partirent donc pour la guerre contre les Zhœnan. On se moqua beaucoup d’eux, tant parce qu’ils allaient nus, que parce qu’ils faisaient cuire la charogne d’un méchant petit chien, qu’ils mangeaient en guise de festin. Ils nous forçaient même à manger de leurs chiens cuits. Nous en mangions, mais Etsiégé ne voulut jamais goûter de cette chair immonde.

Etsiégé ayant vu un Zhœnan très beau garçon, eut envie de le tuer. Il marcha donc de conserve