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des dènè peaux-de-lièvre

Par l’ouverture, on pouvait apercevoir l’intérieur ; mais la retombée de la voûte empêchait que l’on n’en vît les habitants, sauf jusqu’à la hauteur du genou. C’est là que vont les hommes qui s’éteignent. C’est par l’antre que leurs mânes passent, avec le gibier empenné, au retour de l’hiver. C’est de là que les uns et les autres sortent, chaque printemps. Lorsque le gibier revient de ce lieu dans notre pays, alors les esprits appelés ttsintéwi en reviennent aussi.

Le magicien ayant regardé dans la caverne, il y aperçut des mânes qui tendaient leurs filets au menu fretin et qui en capturaient. Ils visitaient leurs rets avec des pirogues doubles.

D’autres se divertissaient sur l’autre rive. Il ne put voir que les jambes des danseurs ; mais il entendit les âmes qui chantaient en chœur, en répétant ces paroles : « Nous prenons notre repos séparés les uns des autres ! »

Nayéwéri ne pouvait aller trouver ces esprits. Il était retenu de ce côté-ci parmi les morts, que l’on appelle les Cadavres-Brûlés {Ewiè lluré), parmi ceux qui n’ont pas reçu de sépulture, mais qui ont été traités en esclaves et en prisonniers de guerre.

Ces pauvres morts, en peine et errants, pourchassaient les petits fœtus morts dans le sein de leur mère, les nautonectes, les grenouilles, les