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légendes et traditions

fant, l’avait ingurgité, englouti dans son estomac.


Un homme demeurait seul avec sa femme. Quand le mari allait à la chasse, la pauvre femme demeurait entièrement isolée dans la forêt.

Un jour, après que le mari fut parti, la femme entendit que l’on criait : « Il s’est égaré ! »

— Qui peut hurler comme cela ? se demanda-t-elle ; ce ne peut être que le grand Bondisseur.

Aussitôt elle coucha dans sa loge une façon de bonhomme fabriqué avec des guenilles, puis elle sortit et grimpa dans un arbre afin de s’y cacher, par la peur que lui causait le Nâhay.

Peu après, le grand Bondisseur arriva lentement ; il pénétra dans la tente, il flaira le bonhomme de linge et s’en retourna sans y planter les dents.

Puis il revint encore ; il retourna même à la loge de la pauvre femme deux, trois, quatre nuits successives ; mais comme il n’y trouvait jamais personne que le bonhomme de guenilles, il se lassa et s’en alla pour tout de bon.

La dixième nuit fut la dernière qu’il la visita, et quand il partit de la demeure Dènè, la femme l’entendit qui criait :

— Que fait-elle donc, cette femme ? Elle est sans doute aux aguets pour garder ses guenilles !