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légendes

— Ah ! ça sent bien la chair fraîche ! dit-il en flairant de tous côtés.

— Est-ce étonnant, dit l’aiglon, alors que tu m’apportes tous les jours de la chair humaine à dévorer ?

Orelpale, le père, s’en alla, et Dènè reprit un peu d’assurance. Un instant après, le bruit du tonnerre se renouvela, la nuit se fit, et Orelpale femelle entra au nid avec des débris humains dans ses serres[1].

— Comme cela sent la chair fraîche ! s’écria-t-elle en flairant d’un air inquisiteur.

  1. Cet apologue rappelle ce que Rab Béchaï dit, dans le Talmud, sur le chapitre xxxiv du Deutéronome, à savoir comment Moïse pouvait distinguer le jour de la nuit, lorsqu’il était avec Dieu sur le Sinaï.

    « Quand Dieu, dit-il, lui enseignait la loi écrite, il reconnaissait qu’il faisait jour ; mais quand Il lui apprenait la loi orale, aussitôt la nuit arrivait. » Ce qui, entre parenthèses, n’est point en faveur de la tradition orale.

    À un autre point de vue, nous avons dans cette triade aquiléenne la parité ou l’équivalent de la trinité hébraïque et punique :

    Reschith, le père divin,

    Jah ou Mem-Ra, le fils ou verbe divin, formateur du monde,

    Rouch, l’esprit divin, qui couve les eaux primordiales et l’œuf universel. Il est dit du sexe féminin, du moins quant à ses attributions, puisqu’un esprit n’a pas de sexe.

    (D’après P. Nommès, Mélanges sur la Kabbale, p. 77.)

    C’est cette troisième personne de Jahowah qui a, sans doute, inspiré le Roch ou aigle gigantesque des Arabes, que nous retrouvons dans les légendes dènè. De même, Jah, le créateur divin,