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des dènè tchippewayans

Survint une vieille femme, qui chercha à son tour, et trouva bientôt un tout petit enfant, long comme le pouce, mais merveilleusement beau, qui était couché dans l’empreinte du sabot d’un renne. Elle le prit, l’éleva avec amour, et c’est pourquoi on l’appelle Bé-tsuné-Yènelchian : Élevé par sa mère-grand. Quoiqu’il fût bien petit, il parut bientôt qu’il était très puissant par la vertu de son Ombre.

Un jour Bé-tsuné-Yénelchian dit à sa grand’mère :

— Les hommes, mes frères, sont bien malheureux. Je veux aller les trouver. Ils ont faim. Je veux leur procurer de la viande.

La vieille pleura, elle voulut le lui défendre ; mais il ne l’en pressait que plus vivement. Enfin elle le laissa partir, et il partit seul durant la nuit, sans que les Dènè sussent où il était allé.

Quand le jour parut, l’Enfant-Magique revint vers les Dènè et retourna chez sa mère adoptive. La vieille était étendue à terre, inerte, sans feu, la tête glacée. Il la tira de sa léthargie, ralluma le feu, et, défaisant sa ceinture, il dit :

— Mère, voyez !

Aussitôt il tomba de sa ceinture quantité de bouts de langues de renne,

— Mes frères vivront à leur aise, maintenant, dit-il, pourvu qu’ils se souviennent de moi.