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légendes

Bé-tsuné-Yénelchian demeura, en effet, longtemps parmi ses frères, et le caribou ne leur faisait jamais défaut. Un jour, dans le désert sans arbres, on chassait péniblement, car il n’y avait point d’eau. Nous mourions de soif.

— Attendez, dit l’Enfant-Puissant, devenu homme. Ayant aussitôt fabriqué une flèche magique, il la ficha en terre et en fit jaillir du sol de l’eau en abondance.

Enfin, étant devenu vieux, il gravit une montagne en disant :

— Je vais bientôt mourir, mais je ne vous abandonnerai pas. Quand vous serez dans la détresse, invoquez-moi et je viendrai à votre secours.

Alors, il fit dresser pour lui en ce lieu une loge magique (chuns), et, y étant entré, il évoqua l’esprit ou Ombre. Pendant longtemps il fit la magie. Comme il n’en sortait plus, on s’aventura dans le pavillon, afin de voir ce qui lui était arrivé. Mais on ne l’y trouva point.

Depuis ce temps, on ne sait ce qu’il est devenu, et nul ne le revit jamais plus.

(Racontée au Grand-Lac des Esclaves,
par Tsépan-Khé, Couteau-Jaune, en septembre 1863.)