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légendes

amie des Peaux-Rouges, et qui unissait l’humanité à la générosité. Aussitôt son parti fut pris, et elle résolut de se sauver chez ce peuple.

S’étant renseignée indirectement sur le lieu où elle pourrait s’aboucher avec lui, elle se dirigea seule et à l’insu de ses maîtres vers la grande maison où ce peuple demeurait. C’était une maison de pierre (thé-yé), la première qu’on eût encore vue dans le pays, ce qui nous fit donner à ce peuple le nom de Thé-yé-ottiné : Gens de la Maison de pierre[1].

Elle connaissait assez le savanois pour pouvoir s’exprimer en cette langue, et elle savait qu’il y avait des interprètes de cette langue chez les Anglais du fort Churchill.

Elle apprit donc à ces Européens qu’elle appartenait à la grande nation Dènè ou Tchippewayanne ; que son peuple habitait bien loin dans l’intérieur, à l’Ouest ; qu’ayant été enlevée par les Savanois lorsqu’elle était jeune fille, elle avait résolu de ne pas mourir loin de sa patrie, et que, dans ce but, elle se confiait à la générosité des Anglais, les priant de lui fournir les moyens de retourner vers les siens, et les assurant qu’elle déterminerait sans peine ses compatriotes à se mettre en rapport avec d’aussi bons voisins, et à

  1. Le fort Churchill et les Anglais. C’était avant 1770.