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SUR LES JEUX SCÉNIQUES.

cencieuse. Le chant étoit accompagne de la flûte, et le chanteur joignoit à sa voix des gestes et des mouvemens convenables. Il n’y avoit dans ces jeux aucune idée du poëme dramatique ; les Romains en ignoroient alors jusqu’au nom[1]. Ils n’avoient encore rien emprunté des Grecs à cet égard : ils ne commencèrent à les imiter que lorsqu’ils entreprirent de former un art de ce que la nature ou le hasard leur avoit présenté. Livius Andronicus, Grec de naissance, esclave de Marcus Livius Salinator, et depuis affranchi par son maître, dont il avoit élevé les enfans, porta à Rome la connoissance du poëme dramatique : il osa, le premier, abandonner les satires, pour donner des pièces dans lesquelles il introduisit la fable, ou la composition des choses qui doivent former le poëme dramatique, c’est-à-dire une action. Ce fut l’an 514 de la fondation de Rome, 160 ans après la mort de Sophocle et d’Euripide, et 52 ans après celle de Ménandre.

L’exemple de Livius Andronicus fit naître plusieurs poëtes qui s’attachèrent à perfectionner ce nouveau genre, et qui jouèrent eux-mêmes dans leurs pièces, jusqu’à ce qu’il se fût for-

  1. Cujus (dramatica poëscos) ne nomen quidem notant Romani. Casaubon. de satir. Græc., poes. et satir. Rom.