Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/58

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d’être le Dédale qui leur donne ce mouvement continuel, toi, incomparable Euthyphron, mille fois plus adroit que Dédale, puisque tu sais même les faire tourner en cercle ! Car ne [15c] t’aperçois-tu pas qu’après avoir fait mille tours, ils reviennent sur eux-mêmes ? Ne te souvient-il pas qu’être saint et être aimable aux dieux ne nous ont pas paru tantôt la même chose ? Ne t’en souvient-il pas ?

Euthyphron.

Je m’en souviens.

Socrate.

Eh ! ne vois-tu pas que tu dis présentement que le saint est ce qui est aimé des dieux ? Ce qui est aimé des dieux, n’est-ce pas ce qui est aimable à leurs yeux ?

Euthyphron.

Assurément.

Socrate.

De deux choses l’une : où nous avons eu tort d’admettre ce que nous avons admis ; ou, si nous avons bien fait, nous tombons maintenant dans une définition fausse.

Euthyphron.

J’en ai peur.

Socrate.

Il faut donc que nous recommencions tout de nouveau à chercher ce que c’est que la sain-