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NOTICE

de la Philosophie, dominant tous les aspects, tragiques ou burlesques, de la vie (cf. p. vii sq.). C’est comme si l’Amour, succombant aux épreuves, ressuscitait tout à coup, supérieur aux passions et dans la gloire de la philosophie éternelle.

IV

LE BANQUET DE XÉNOPHON ET CELUI DE PLATON

Plusieurs fois déjà l’occasion s’est présentée (cf. p. xi, n. 1, p. xviii, p. xxxiv, n. 3) de toucher à ce gros problème littéraire, sur lequel tant d’encre a coulé : des deux Banquet, celui de Platon et celui de Xénophon, lequel est antérieur à l’autre ? Les deux thèses adverses comptent un nombre à peu près égal de partisans, et dans chaque camp se rencontrent des autorités considérables.

Je rappellerai tout d’abord brièvement le sujet et le contenu du Banquet de Xénophon. — Le jeune Autolycus vient d’être vainqueur au concours du pancrace. Son amant Callias, le riche protecteur des Sophistes, veut donner un banquet en l’honneur de cette victoire. Il y convie plusieurs amis qu’il a rencontrés, dont Socrate, Antisthène, Charmide, plus sans doute le narrateur, lequel déclare avoir été personnellement témoin de ce qu’il raconte. La beauté du bien-aimé de Callias est si éclatante qu’elle rend muets tous les convives. Heureusement le bouffon Philippe, un vulgaire pique-assiette qui est venu sans avoir été invité, finit par les dérider (ch. 1). Après les libations faites et le péan chanté, l’arrivée d’un imprésario syracusain flanqué de sa troupe, le spectacle même qui leur est offert, achèvent de leur rendre la gaîté ; ils deviennent même loquaces. Callias ayant parlé de faire apporter des parfums, Socrate se met à disserter sur les parfums ; d’où l’on vient au parfum de la vertu, ce qui appelle la question de savoir si la vertu peut s’enseigner. Un exercice de la danseuse change le cours des idées ; il s’agit maintenant des aptitudes des femmes et de la manière de dresser celles-ci, ce qui amène tout naturellement la conversation sur Xanthippe, la rétive épouse de Socrate, et sert de prétexte à des plaisanteries qui ont un fumet assez accusé de Cynisme, mais ne sont pas d’un goût très délicat. Un autre