Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 2 (éd. Robin).djvu/121

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NOTICE

tout à l’heure, que le Banquet de Xénophon est antérieur, et à l’écrit de Polycrate, et au Banquet de Platon ? — À la vérité, dans l’abîme d’ignorance où nous sommes plongés, plus d’une conjecture est permise. Celles-ci par exemple : Xénophon habite fort loin d’Athènes et dans la campagne ; il peut avoir eu connaissance de l’œuvre de Platon avant d’avoir reçu celle de Polycrate, et ainsi, n’ayant rien compris au rôle que Platon donnait à Alcibiade, avoir pensé que c’était une inutile superfétation : c’est ce que croiront plus tard Louis Le Roy (qui l’a exclu de sa traduction) et même Racine[1]. Peut-être aussi, ayant connu l’un et l’autre écrit dans leur ordre réel, Xénophon n’a-t-il pas aperçu entre eux le rapport que nous établissons maintenant. Il est possible encore que nous nous trompions sur leur relation chronologique. Il existe enfin une dernière hypothèse, et qui a été effectivement soutenue, c’est que le Banquet attribué à Xénophon serait un apocryphe. En tout cas, ce qu’il paraît difficile de supposer, c’est que si vraiment, avant le Banquet de Platon, il a circulé un autre récit (cf. p. xviii et p. xx), celui qui y est rapporté à Phénix, fils de Philippe, ce récit, malgré la coïncidence de ce dernier nom avec celui du bouffon dans le Banquet de Xénophon, puisse être ce dernier ouvrage. Platon dit en effet formellement que la matière du récit de Phénix était une réunion où, entre autres, Agathon et Alcibiade se trouvèrent avec Socrate et que l’entretien roula sur l’Amour.

En résumé, dans l’état présent de nos connaissances, la question ne semble susceptible d’aucune réponse assurée.

  1. Dans la lettre qu’il adressa à Boileau pour lui envoyer la traduction du Banquet qu’avait écrite l’abbesse de Fontevrault, Mme de Rochechouart-Mortemart et que celle-ci, qui avait conservé le discours d’Alcibiade, avait prié Racine de revoir. Après avoir entrepris de refaire complètement le travail, il s’arrêta avant le discours d’Éryximaque, résolument décidé d’ailleurs à se décharger de sa mission. À cette occasion, il rédigea un sommaire complet du dialogue (voir l’édition de Paul Mesnard, V 435-432 [notice], 451-474 ; VI 269-272).