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LE BANQUET

nécessaire parce que le texte du Banquet a été, de la part des philologues, l’objet de beaucoup de soupçons, d’athétèses et de corrections. Ils ont été souvent choqués par une liberté de style qu’ils jugeaient excessive, par des liaisons d’idées où la logique ne leur semblait pas être suffisamment respectée, ou encore par des façons de parler qu’on ne trouve pas ailleurs chez Platon[1]. Nombreuses sont les interpolations qu’ils pensent avoir dépistées, et presque toutes les éditions s’émaillent, avec plus ou moins d’abondance, de crochets droits signalant ces interpolations. Mais il y a deux choses, semble-t-il, qu’ils ont trop souvent oubliées à ce propos, et deux choses dont la signification est à peu près la même. L’une est que les cinq discours de la première partie sont des pastiches ; le discours même de Diotime en est un en quelque mesure, un pastiche de celui d’Agathon (cf. p. lxxxvi). Il s’ensuit, en second lieu, que Platon doit obéir à ce qu’exige la tonalité particulière des divers morceaux qu’il compose avec cette intention : tantôt exposés didactiques, dans les discours, d’ailleurs si différents, de Phèdre, de Pausanias, d’Éryximaque ; tantôt fantaisie débridée et pourtant riche de poésie ou de pensée, avec Aristophane et Alcibiade ; vaticination tragique et lyrique, avec Agathon et avec Diotime. On ne doit donc pas tout juger uniformément, ni d’après une norme empruntée à d’autres dialogues, ou portions de dialogues, dans lesquels ne se rencontrent pas ces exigences particulières[2]. N’y a-t-il pas en outre quelque

    tation extrêmement précieuses (les témoignages anciens). — Dern. éd. : Umb. Galli, Il Simposio con Introduzione e commento, 1935, xliv-242 p.

  1. En outre des éditeurs dont je viens de parler, d’autres savants ont fait du Banquet une étude critique, totale ou partielle. Je citerai d’abord les éditeurs dont le travail a servi de base aux éditions subséquentes : Fischer, 1776 ; F. A. Wolf, 1782 ; Rückert, 1829 ; Hommel, 1834 ; Stallbaum, 1852 (3e) ; Hirschig et Schneider, qui ont édité le Platon de la collection Didot, 1856 ; Baiter, Orelli et Winckelmann à qui est due l’édition de Zürich, 1863 (2e) ; Badham, 1866. D’autres critiques ont étudié le texte sans l’éditer : Bast, 1794 ; Cobet ; Madvig ; Sauppe ; Vögelin, 1866 ; Vermehren, 1870 ; Vahlen, 1872 ; Teuffel, 1873/4 ; Rohde, 1881 ; Naber, 1888 ; J. J. Hartman, 1898 ; H. Richards, Platonica 1911 et Classical Quarterly 1916 (études désignées par Richards²) ; Wilamowitz dans le 2e volume de son Platon², 1920, etc.
  2. Voir les remarques très justes de R. G. Bury dans son Intro-