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LE BANQUET

(219 d 1, 220 d 2), καθηῦδεν 217 b 8 ; mais par contre, avec eux encore, εὖρεν 223 a 8, ἀνεῦρεν 197 b 1 ; avec eux encore et avec le Papyrus, εὐπόρουν 219 e 1 ; avec TW, le Papyrus et Eusèbe, εὖδεν 203 b 7.

Les difficultés que les critiques ont trouvées dans le texte coïncident souvent avec celles auxquelles se heurte le traducteur. Il doit rendre sensibles ces différences de tonalité et de style dont je parlais tout à l’heure, et qui font de chaque discours une individualité littéraire vraiment distincte. Il doit, tout en suivant avec souplesse le mouvement de la phrase, garder au détail de l’expression sa valeur précise, sans pourtant la forcer. Il voudrait être familier, sans tomber par là dans la trivialité[1], et, en conservant à ce qu’il traduit la grâce de l’ironie ou la noblesse simple du ton, donner enfin à son français une saveur qui, de loin, pût rappeler un peu l’atticisme. Plus d’une fois il se trouve en face, ou bien de termes grecs qu’il est forcé d’expliciter pour rendre intelligible en français la suite des idées, ou bien de plaisanteries qui sont intraduisibles, et dont pourtant il ne veut pas laisser perdre tout le sel. C’est assez d’avoir énoncé ces difficultés de la tâche ; et l’on croira sans peine que, mieux que personne, je sens bien que je n’en ai point triomphé. Comme pour le Phédon, mon effort a été, heureusement, secondé par l’amitié dévouée de mon collègue Émile Bourguet ; pour me guider dans l’établissement du texte et dans la traduction, il a bien voulu délaisser les travaux importants qu’il avait en cours, ou se priver de loisirs nécessaires. Je ne saurais, dans chaque cas, dire tout ce que je dois à ses conseils, à ses critiques, à toutes les discussions dans lesquelles, sur les passages les plus épineux, nous avons échangé nos vues. Je le remercie donc, et de tout cœur,

  1. Dans cet ordre d’idées ai-je besoin de m’excuser d’avoir traduit ἄνδρες, au vocatif, par Messieurs ? M. Bourguet, tout en estimant juste cette traduction dans les cas dont il s’agissait, m’a signalé que Voltaire l’avait raillée chez Tourreil, traducteur de Démosthène, comme étant une familiarité réservée « pour le bas comique » (Conseils à un journaliste, chapitre Sur les langues, dans les Mélanges littéraires, éd. P. Dupont, 1826, XLVI, p. 241). Il m’a semble que, par rapport à cette réunion, de laquelle est bannie toute solennité, mais qui pourtant n’assemble pas, tant s’en faut, que des amis intimes, le terme n’était nullement déplacé.